La Gare de Canfranc
Cela faisait très longtemps que je voulais voir cet improbable bâtiment, cette gare frontalière (coté espagnol) de la ligne Pau – Saragosse.
Inaugurée en 1928, cette gare, une des plus grande d’Europe, construite au milieu de rien, à près de 1200 mètres d’altitude, a très peu été utilisée.
Imaginez une journée entière était nécessaire pour un voyage Pau-Saragosse (310 km), avec changement de train en gare de Canfranc, en cause, l’écartement des voies différent.
Bref, je m’attendais donc à voir des ruines romantiques, ou que sais-je, des dames en chapeaux agitant des foulards au départ d’une locomotive massive, noire, vibrante sous la pression de la vapeur accumulée.
Rien de tout cela: C’est derrière des barrières de chantier que je découvris, un tout petit peu, ce magnifique bâtiment en rénovation.
La courte vie de mon oncle Louis
Le Covid venait de nous faire de vivre quelques mois difficiles, insupportables pour certains. On a parlé d’une jeunesse perdue, sacrifiée, d’un confinement inacceptable, et me posais des questions sur la capacité de nos générations quelques elles soient à accepter le singulier, l’extraordinaire.
Mon père né en 1923, avait aussi vécu une adolescence gâchée, il en parlait : le couvre-feu, les tickets d’alimentation, les topinambours, les bombardements, les rafles, les otages fusillés, les jugements sommaires, le travail obligatoire, les dénonciations, bref la guerre pendant 4 ans.
Mon grand-oncle Louis était un chanceux, il était né en 1895, donc pas de Covid, pas de rafles, et la grippe espagnole ne sévissait pas encore, il n’eut donc pas le loisir de l’attraper.
J’imagine que dans les tranchées creusées en forêt d’Argonne, il se sentait protégé par ses « supérieurs », supérieurs à rien, sans aucun doute, bref, il faisait confiance à l’incompétence, comme le faisaient tous ses camarades de tranchées.
Alors le 1er mai 1915, à 20 ans, il est décédé, violement, sans raison, pour rien, dans le bois de Bolante, comme son compagnon d’infortune .
Il fût enseveli, à côté du village de Lachalade, comme un chien, sans bière, la terre remplissant ses yeux, au fur et à mesure que la pelle remplissait son trou, .
C’est là où je me suis rendu le 8 octobre 2021, pour voir, rien sans doute, ou peu de choses, mais être un instant près de lui, comme s’il pouvait me regarder de là-haut. En fait, je voulais juste faire quelque chose pour lui. Au milieu de plus de 2000 tombes, je n’ai jamais retrouvé la sienne.
Au décès de mes parents, au milieu des passeports périmés, des médailles, au fond d’une boite à chaussures, une émouvante petite lettre jaunie, écrite à la mine de plomb par un des camarades de tranchée de mon grand oncle louis, expliquant à mon arrière grand-père la mort violente et inutile de son fils de 20 ans.
Cela se passait en forêt d’Argonne, le 1 mai 1915.
Mon cher Monsieur,
Je viens à l’instant de recevoir une lettre de chez moi dans laquelle l’on me dit que vous seriez content de savoir comment est mort votre fils.
Après avoir eu quelques jours de repos nous venions de reprendre les tranchées lorsque vers trois heures du soir les bôches se mettent à arroser copieusement nos tranchées avec des bombes, c’est au bout d’un quart d’heure que votre pauvre fils a été tué par un éclat, gros environ d’un centimètre carré, qui l’a touché à la tête, en pénétrant par la tempe droite, en y faisant qu’un tout petit trou. Votre fils monsieur, notre camarade est mort en vrai soldat, tué debout, face à l’ennemi, tué sans souffrance aucune sur le coup. Des mains amies lui ont fermé les yeux et l’ont enseveli, sans bière hélas, comme tant d’autres.
Il est enterré avec un de ses amis, tué par la même bombe, mais lui touché au coté.
Je n’ai pas pu savoir s’il avait quelque chose sur lui, mais tout ce qu’il avait lui a été enlevé, et vous sera envoyé.
Il est enterré dans le cimetière militaire des trois ravins, tout près du petit village de La Chalade où nous étions à la date du 1er mai et que nous avons quitté depuis. Une petite croix marque son emplacement avec son nom, la compagnie lui a acheté une couronne qui surmonte sa croix qui se trouve à peu près dans le milieu du cimetière.
Voici à peu près le plan.
Comme il est enterré avec son camarade, peut être vous serait il utile d’avoir l’adresse de ses parents.
Guillemard Jean
Aux VIZELLES DE VILLEFRANCHE, Allier
Veuillez recevoir mes plus profondes condoléances.
A l’entrée du cimetière une plaque explicative dont voici un extrait:
Au début de l’année 1915, le général Joffre applique une stratégie nouvelle, celle du “grignotage”. Les forces armées sont engagées dans d’importantes attaques localisées et répétées contre une position ennemie. Au termes de chacune d’elles les pertes s’avèrent plus importantes que les résultats obtenus. Pour dissimuler de tels ravages, la lutte pour un mur ou la conquête d’une ruine devient une victoire retentissante dans les communiqués ou dans la presse.
Joffre est mort maréchal, dans son lit en 1931, encore quelques années et il se mêlait à la deuxième guerre mondiale, avec Gamelin responsable de la débâcle de 1939. Ouf….
Le creux de l'enfer
Dans les gorges de la Durolle en contrebas de la bourgade de Thiers , les usines du “Creux de l’enfer” sont les témoins de l’activité industrielle passée de la ville.
Se servant de la puissance de l’eau, tanneurs et papetiers s’y installèrent chassés par la coutellerie au 19ème siècle. L’arrivée de l’électricité eu raison des roues à aubes. Dans les gorges sombres et encaissées de la Durolle, les usines abandonnées et laissées en l’état ont pris au fil des années des allures de ruines romantiques avec pour paysage sonore le fracas omniprésent de la rivière.
LE CREUX DE L’ENFER
CENTRE D’ART CONTEMPORAIN
D’INTÉRÊT NATIONAL
Vallée des usines
83-85, av. Joseph Claussat
63300 Thiers FRANCE
04.73.80.26.56
info@creuxdelenfer.fr
https://www.creuxdelenfer.fr/fr/pages/939-histoire
Saillans
Au milieu d’une campagne luxuriante, ce petit bourg de la Drôme de 1300 habitants a fait parler de lui en 2014 en initiant ce que l’on a appelé LA REPUBLIQUE DE SAILLANS.
AUTREMENT SAILLANS, a géré la commune durant six ans en concertation permanente avec ses électeurs-citoyens: recherche du compromis, négociation permanente, et décisions prisent collectivement.
Hélas l’expérience ne fut pas renouvelée, les utopistes furent battus aux élections suivantes.
Pour en savoir plus:
Le monde
Radiofrance